La journée mondiale des troubles bipolaires a lieu ce jeudi 30 mars.

Ce qu’il faut savoir sur les troubles bipolaires, méconnus mais répandus.

Quand on parle de bipolarité, on s'imagine souvent une personne pouvant brutalement passer du calme à la tempête. Ce n'est pas forcément faux, mais pas forcément représentatif non plus.

C'est là l'une des idées reçues qui circulent beaucoup sur la bipolarité. Un trouble mal connu, qui a droit à sa journée mondiale ce jeudi 30 mars 2022. C'est la 9ème depuis 2015.

Troubles répandus mais mal connus

"Ça fait partie de ce que l'on appelle des troubles de l'humeur. Ce sont des variations de l'humeur qui peuvent être sévères, avec des phases dépressives, et des phases qu'on appelle d'exaltation. Ces phases portent aussi un autre nom : ce sont les phases maniaques. Rien à voir avec le maniaque au sens où on l'entend habituellement : quelqu'un qui est attaché à des détails... Ça a vraiment une autre signification : une phase de grande excitation, dans certains cas de délire."

"Ça va provoquer des variations de l'humeur. Et ça arrive assez fréquemment que ça entraîne des conflits : dans la famille, le couple, au niveau professionnel. En particulier dans les phases d'hypomanie et encore davantage dans les phases de manie. Quand le diagnostic n'est pas posé, l'entourage ne veut alors pas comprendre ce qui se passe, et on peut arriver à toutes sortes de ruptures amicales et affectives, professionnelles... À l'inverse, il peut arriver que la personne se retrouve en phase dépressive. Elle n'a alors plus du tout envie de rien faire, de s'investir. Que ce soit dans sa vie familiale, amicale, ou son travail."

"Il arrive parfois que des personnes souffrant de certains troubles bipolaires ne soient jamais diagnostiquées. Mais qu'elles enchaînent les difficultés : divorce, chômage, dettes car il y a des dépenses d'argent inconsidérées et des prises de risque. Avec des conséquences extrêmement graves."

Prévalence et diagnostic

"Il y a le type 1 et le type 2. Le premier constitue la forme la plus sévère, et représente 1% de la population. La seconde est moins sévère, mais pose tout de même des difficultés dans la vie des patients : à peu près 1.5% de la population. En fait, il y a donc au moins 2.5% des personnes qui sont considérées comme atteintes de troubles bipolaires. Ce n'est pas propre à la France ni aux pays occidentaux : ça touche l'ensemble de la population, à l'échelle de la planète, quelles que soient la culture ou la religion."

"Maintenant, on connaît mieux cette pathologie, donc on sait a priori mieux la diagnostiquer. Mais ceci dit, lorsque ce n'est pas la forme la plus sévère, ça peut prendre parfois dix ans avant que le diagnostic soit posé. Elle se développe souvent vers l'âge de 20 ans, au moment de l'entrée dans la vie active, les études supérieures, la classe prépa, l'université. L'élément déclencheur peut être le stress des études, soit l'alcool ou le cannabis. Si on a les trois, c'est comme ça que beaucoup rentrent dans la pathologie. À noter que souvent, il y a des antécédents familiaux.

"Il s'agit d'une maladie chronique, comme l'est par exemple le diabète. Sauf qu'elle n'est pas somatique, mais psychiatrique. Elle est classée parmi les dix pathologies les plus invalidantes selon l'Organisation mondiale de la santé. Aujourd'hui, on n'en guérit pas. Mais en revanche, à partir de traitements médicamenteux et de psychothérapies, on peut aller vers un rétablissement : avoir une vie quasi-normale en prenant quelques précautions. Notamment faire attention à son hygiène de vie : sommeil, alimentation, activité physique... Et s'attacher à prendre son traitement régulièrement : la cause des rechutes est souvent liée à l'arrêt du traitement quand on se sent mieux et qu'on se dit qu'on n'en a plus besoin."

"La plupart du temps, on va voir le médecin généraliste. On n'aime pas trop aller voir le psychiatre, parce qu'on se dit qu'on n'est pas fou, ou parce que ça fait peur. Mais le psychiatre peut recommander son patient à l'un des centres de la Fondation FondaMental. Ces centres experts pour les troubles, bipolaires, l'autisme... vont faire passer des tests pendant deux jours pour confirmer ou infirmer.

"Sans passer par un de ces centres experts, car ils sont très demandés, le médecin généraliste est en relation avec le médecin psychiatre. Celui du secteur, libéral, va alors porter le diagnostic. Il arrive que ce soit les proches de la personne qui s'en rendent compte."

Il paraît que certaines personnalités ont des troubles bipolaires ?

"Dans l'histoire, pour les Américains, la plus grande des personnes atteintes de troubles bipolaires, c'était Napoléon Bonaparte. Churchill, aussi. Et Frédéric Nietzsche, Abraham Lincoln, Virginia Woolf, Ernest Hemingway, Robert Schumann [le compositeur; ndlr] ou encore Goethe. On retrouve ce trouble aussi bien dans le monde de la politique, chez les cadres-dirigeants dans le public ou le privé, que chez les artistes."

"Bien sûr, tous les artistes n'ont pas un trouble bipolaire, mais par rapport à la moyenne de la population, il y en a beaucoup plus. On peut aussi citer le peintre Vincent Van Gogh, dont c'est l'anniversaire le 30 mars.

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